Oiseau qui siffle - Agrandir l'image

© Marco Federmann dePixabay 

Zoom sur

Siffler, cette autre musique

Superstitions populaires ou pratiques de mauvais garçons : le sifflement n’a pas toujours eu bonne réputation. Pourtant, de nombreuses pratiques révèlent qu’il s’agit aussi d’une tradition et même d’un art. Comme vous le prouvera Fred Radix à Saint-Fargeau-Ponthierry.

Publié le

Le sifflement

Huer un spectacle ou un sportif, interpeller les filles ou héler un compagnon...  La relation que nous avons avec le sifflement est empreinte d’une certaine vulgarité, loin des usages en matière de bienséance. Mais saviez-vous que, dans l’Antiquité, cette pratique était associée à la mort ? Les âmes désincarnées privées de langage humain ne pouvaient dialoguer qu’en sifflant. On retrouve ce précepte dans la tradition chrétienne où le Diable se manifeste sous la forme d’un serpent, l’animal qui siffle. 

Le langage des bergers 

Mais revenons à l’ère moderne avec les siffleurs du village d’Aas, dans les Pyrénées-Atlantiques. Jusqu'au milieu du XXe siècle, les bergers passaient l'été dans des cabanes éloignées les unes des autres. Siffler leur permettait, malgré la distance, de communiquer pour rompre leur solitude, repérer une brebis perdue ou signaler la présence de l'ours. Ce n’était pas un langage en soi, mais plutôt une transposition musicale du patois local, le béarnais. Évadons-nous et arrêtons-nous dans le village turc de Kuşköy, où les agriculteurs communiquent encore avec ce qu’ils appellent “la langue des oiseaux”. D’autres, comme l’ethnie Hmong en Asie du Sud-Est, réservent le sifflement aux échanges amoureux. 

Un style à part entière 

Mais saviez-vous qu’il existe aussi des siffleurs professionnels, qui viennent du music-hall et du vaudeville ? Musiciens chevronnés, ils excellent dans cet art, à l’image de l’italienne Elena Somaré, qui a mis son art au service du répertoire classique ou de la chanson napolitaine. En France, Fred Radix s’inscrit lui aussi dans la lignée de ces performeurs, à découvrir le samedi 9 octobre à Saint-Fargeau-Ponthierry. Virtuose de la glotte, comme il le dit, cet historien déjanté propose un show bourré d’humour, qui se démarque des codes de la musique classique, de Mozart à Bizet, en passant par Schubert et Satie, sans oublier quelques incontournables mélodies de film. 

Article écrit par Claire Teysserre-Orion (agence TOUTécrit)