Interview
Sébastien Nivault "Un spectacle mêlant réel et fictif "
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Comment est née la compagnie la Nébuleuse de septembre, qui produit L’Exercice du super héros ?
Danseur et chorégraphe, Martin Grandperret a fondé cette structure il y a six ans. Étant moi-même comédien, je l’ai rejoint en 2021 et nous avons monté "L’Exercice du super héros", notre première production. Depuis, nous codirigeons la compagnie, avec l’ambition de créer des spectacles mêlant toutes les disciplines dont, bien sûr, le théâtre et la danse.
Sur quoi repose l’idée de ce spectacle ?
Avec Martin, nous nous sommes rencontrés en 2019 à Sénart, où nous travaillons régulièrement. Nous avions tous deux un projet en cours. Nous avons toujours mené des actions culturelles, chacun de notre côté, principalement dans l’Essonne qui est notre port d’attache. Nous intervenons auprès de publics variés, notamment des élèves scolarisés dans des lycées professionnels, afin de leur faire découvrir la danse et le théâtre. "L’Exercice du super héros" est né de ces expériences. Nous voulions montrer au grand public ce qu’est, de l’intérieur, un atelier de pratique artistique. Notre idée était de mettre en lumière ces activités, qui sont souvent considérées comme le parent pauvre du théâtre.
Les ateliers sont des espaces de liberté et de création, hors du cadre scolaire. Les jeunes, pas tous bien sûr, peuvent s’y découvrir et nous sommes là pour les y aider. Nous ouvrons des portes. Il arrive que des professeurs, lors des restitutions finales, voient différemment leurs élèves. Combien de fois ne nous a-t-on pas dit “Je ne le reconnais pas, il est complètement différent en classe” ? Il y aussi des jeunes avec lesquels ça ne fonctionne pas, avec des moments de découragement.
Quelle est l’intrigue ?
Il y a 2 personnages sur scène. Le premier, Patrick, est un adolescent de 17 ans qui n’aime que la boxe. C’est l’élève. L’autre est professeur. Martin et moi interprétons les 2 rôles, en interchangeant. Lorsque Patrick commence l’apprentissage de la danse, je l’interprète puisque je ne suis pas danseur, Martin incarnant alors le professeur. Quand Patrick travaille son éloquence, c’est moi qui devient le professeur. Nous avançons ainsi.
Notre héros découvre peu à peu un monde qui lui était totalement étranger. Bouleversé par cette expérience, il est submergé par des émotions artistiques, tout en racontant sa vie de jeune homme, qui n’est pas toujours facile et même parfois dramatique.
Patrick existe-t-il réellement ?
Non, bien sûr. Il incarne le portrait de tous les jeunes que nous avons rencontrés dans nos ateliers. Nous avons travaillé de manière très documentaire, en mêlant réel et fictif. Mais le public nous pose souvent cette question ! Ce spectacle s’adresse à tous, aussi bien aux jeunes évidemment qu’aux adultes, qui pourront renouer avec leurs souvenirs de jeunesse.
Il y est aussi question de transmission...
C’est effectivement une idée qui nous a guidés durant le processus de création. Que transmettons-nous à nos descendants ? Nous nous demandions sans cesse ce que nous aurions fait à leur place, lorsque nous avions 17 ans. Où en étions-nous, alors, dans notre vie ? On comprend que la transmission opère dans les deux sens : du professeur vers l’élève et de l’élève vers le professeur.
Propos recueillis par Virginie Champion (agence TOUTécrit)