Interview
Pascal Bost, artiste peintre
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Après une formation d’architecte d’intérieur, pourquoi avez-vous rapidement changé de cap ?
Cette première vie a été très courte. À la fin de mes études, j’ai travaillé quelque temps avec des architectes, mais je n’étais pas toujours en accord avec leurs choix et les projets ne m’intéressaient pas vraiment. J’étais un peu rebelle ! J’ai commencé à peindre et j’ai rapidement compris que ce serait le meilleur moyen de gagner ma liberté. Je ne suis jamais revenu en arrière et n’ai jamais rien regretté.
Comment définiriez-vous votre style ?
Lorsqu’on peint, on voyage et on est transporté. Je travaille beaucoup la matière et la couleur. Je griffe la toile, je guette les accidents, les découvertes inattendues, la part d’aléatoire. L’alchimie ! Ma peinture n’est pas figurative, elle tend plutôt vers l’abstraction poétique avec un rendu très minéral. Je peins beaucoup de grands formats, qui exigent de la réflexion en amont. Je pars d’une idée et je me lance, en me laissant guider par ce qui se passe sur la toile. Je ne fais pas d’esquisses ni d’études préalables : je n’ai donc aucun droit à l’erreur. Les notions de volume, de rapports de ton et de construction sont primordiales. C’est sans doute une émanation de ma formation d’architecte ! Je fais également de petits formats ; la démarche est tout à fait différente, puisque ces tableaux sont plus spontanés et laissent une place plus importante à la couleur. Si je ne suis pas satisfait, je n’hésite pas à refaire et à corriger.
Êtes-vous un artiste productif ?
Un artiste l’est toujours ! Lorsque je ne peins pas, je réfléchis, je joue avec des images, j’observe ce qui m’entoure, comme les couleurs, les formes et les agencements. Je suis toujours à l’écoute, réceptif. Mon travail ne me quitte jamais, même quand je ferme la porte de mon atelier. Dans une vie d’artiste, tout est lié. Les tableaux, le monde extérieur, la rencontre avec les autres. J’aime cette vie !
Quand je peins, je suis bien, c’est ma thérapie.
Votre peinture est-elle porteuse d’un message ?
Ce serait celui de dire " oubliez tout, votre environnement et ce que vous vivez ". J’essaie de vous attirer, avec des couleurs et des volumes, vers un univers plus positif. Mais ce n’est pas un message politique : je vous invite et je vous ouvre une porte. Vous entrez ou pas.
En 2001 vous quittez Paris pour la Seine-et-Marne. Pourquoi ?
J’ai fait mes études à Paris où j’ai ensuite débuté mon parcours professionnel. Puis j’ai commencé à peindre dans un tout petit appartement qui s’est rapidement trouvé très encombré, d’autant plus que je voulais me confronter aux grands formats. Quand on domine la toile, peindre c’est facile. Mais si c’est la toile qui domine, c’est plus intéressant, on entre dans un autre univers. Je cherchais donc un atelier. Des amis m’ont parlé du village de Château-Landon, dans le sud du département. La municipalité mettait à disposition des espaces pour artistes. Mon dossier a été accepté. Depuis, je vis et travaille dans ce lieu très inspirant. Le jardin était une friche, je l’ai entièrement transformé en créant des formes et en jouant avec les couleurs. Ce qui n’est d’ailleurs rien d’autre que le prolongement de mon activité de peintre.
Et vous allez exposer à Melun...
C’est la première exposition que je fais dans cette ville, même si je vis dans la région depuis plus de vingt ans. Je pense montrer un panorama assez ouvert du travail que j’ai mené au cours des dix dernières années, avec de grands et de petits formats. Les visiteurs se feront, je l’espère, une idée assez complète de ma peinture.
Propos recueillis par Virginie Champion (agence TOUTécrit)