Interview
Morgan "Sur scène, la relation avec le public est très stimulante"
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Comment avez-vous débuté ?
Mes parents sont très jeunes, puisque nous n’avons pas vingt ans d’écart. Mais le fait d’avoir des enfants ne les a jamais empêchés de sortir. Ils nous emmenaient partout. J’ai eu une enfance très heureuse. La musique a toujours fait partie intégrante de ma vie. À vingt ans, je chantais dans un groupe de rap monté par des copains. Je naviguais entre Grenoble et Annecy, je commençais à écrire et, parfois, je montais sur scène. Et puis à 24 ans, j’ai eu un coup de sang : je suis “montée” à Paris avec l’idée de percer dans la musique. Pour réussir, il faut s’en donner les moyens, sans attendre que la chance vous tombe dessus. J’ai exercé de petits boulots. J’ai rencontré Laura (Scimia, ndlr) qui fut d’abord une amie, avant de devenir ma manageuse.
En 2020, vous vous lancez sur TikTok. Vous comptez aujourd’hui plus de 2M d’abonnés. Comment l’expliquez-vous ?
J’ai commencé durant le confinement, car je m’ennuyais dans ma chambre. Le succès n’est pas arrivé en un claquement de doigt, mais j’ai persisté. Pendant quatre mois, j’ai publié des vidéos musicales tous les jours, en essayant de trouver le petit truc qui pouvait intéresser ou faire rire. Sur les réseaux sociaux, il est important de capter l’attention des internautes dans les dix premières secondes. Après, c’est trop tard. Une belle musique ne suffit pas, il faut ajouter quelques ingrédients percutants, une punchline.
Au début, ça ne décollait pas. J’ai alors eu l’idée des “mots imposés” : des mots m’étaient proposés et j’improvisais des vidéos. C’est à ce moment-là que tout a vraiment commencé. Les algorithmes se sont mis à tourner et le nombre d’abonnés est monté en flèche.
Mots Imposés
Comment gérez-vous ce succès ?
Nous sommes une petite équipe de quatre personnes, avec plusieurs casquettes : manager, ingénieur du son, graphiste, beatmaker (compositeur de sons), DJ, réalisateur. Nous faisons tout nous-mêmes et continuons de poster des vidéos quotidiennement. Nous apprenons, nous progressons, nous corrigeons nos erreurs. Le rythme de production musicale est très soutenu, mais c’est ce que j’aime. Les propositions de concerts et de partenariats se multiplient, c’est très exaltant. Sans être millionnaires, nous pouvons vivre de notre passion. TikTok, c’est le kif total !
Vous avez d’ailleurs écrit une chanson humoristique sur le thème de la “tiktokerie”. Il fallait oser, non ?
Oui, mais je pense que les réseaux sociaux sont des outils qu’il faut comprendre et maîtriser. À 28 ans, lorsque je suis arrivée sur TikTok, je n’y comprenais rien. Dans cette chanson, je me moque un peu de moi.
Morgan - T'as compris (Clip officiel)
Dans un autre registre, vous chantez T’as compris, un autre titre qui cartonne...
J’aime explorer toutes les facettes de ma personnalité. Par moment, je suis un peu fofolle, mais je suis également capable d’être sérieuse, si j’ai des choses à dire. Le thème de cette chanson, je l’ai découvert dans les rues de Paris, où je ne me sens pas toujours en sécurité. C’est pourquoi je ne rentre jamais seule. J’ai acquis des automatismes, mais cette situation me rend triste. Beaucoup d’hommes, dans mon entourage, ont mal pris ce texte. Mais je n’y parle que de moi, en disant que je ressens le besoin d’être protégée et soutenue par mes frères. Il n’y a pas assez de solidarité entre les hommes et les femmes. Nous devons mener ce combat ensemble.
Et la scène ?
J’en ai fait pas mal lorsque j’étais plus jeune, mais ce n’est pas évident car le stress est très présent. Sur scène, la relation avec le public est très stimulante. Le 19 novembre, dans le cadre des Amplifiés, je reprendrai mes gros titres, les TikTok qui ont fait le buzz. Il y aura également du freestyle. Ce sera joyeux et festif. J’aimerais que les spectateurs passent un bon moment avec moi.
Propos recueillis par Virginie Champion (agence TOUTécrit)