Portrait
Luc Apers : Un avocat devenu prestidigitateur
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Comment devient-on magicien ?
Un jour, à l'âge de 11 ans, j'ai reçu un livre, en cadeau de mes parents. C’était "Hocus Pocus" , se souvient Luc Apers.
Un roman, dont le titre rappelle l’envoutante formule des illusionnistes pour détourner l'attention du public durant leurs manipulations. " Si mes parents s’étaient doutés que cet ouvrage allait bouleverser ma vie ". Avant la magie, le jeune homme embrasse en effet un cursus classique de droit et d’économie, qui le conduira à exercer le métier d’avocat au barreau d’Anvers, durant sept ans.
L’art de la plaidoirie
Mais il faut croire que Luc Apers avait besoin d’une plus grande scène que celle d’un prétoire pour déployer tout son talent, avec un vrai public. Aussi, " un lundi matin " comme il le précise lui-même, il décide de raccrocher sa robe d’avocat pour se consacrer à sa seule passion : la prestidigitation. Après avoir suivi des cours de théâtre aux Académies des Arts d’Anvers et de Leuven, il fonde sa propre compagnie. Dès son premier spectacle, The Hustler (2000), il adopte un ton pour le moins original en initiant le public aux pratiques de l’arnaque : comment gagner aux jeux ou “passer” des produits à la frontière ? Cinq ans plus tard, L’Arnaque (2005), est un autre show d’initiation où il prend le contrepied des magiciens, généralement avares de commentaires sur leurs petits secrets. Avec La véritable histoire de Paul Cres, Luc Apers connaîtra son premier succès international. Présentée pour la première fois au festival d’Avignon en 2009, puis à Paris, la pièce suscite un véritable engouement de la part du public. Peut-être parce qu’elle raconte aussi une histoire : l’artiste y révèle, non sans humour, les premiers tours appris, évoque la naissance de la vanité ou la découverte et la perte des premières amours.
Dans les coulisses d’un arnaqueur
L’Enfumeur (2020), qu’il jouera le 11 septembre à Saint-Fargeau Ponthierry, constitue sa dernière création. « Je crois que c'est le spectacle qui me tient le plus à cœur, car c’est celui qui incarne le mieux ma mission : celle de partager mon émerveillement pour le mystère et la beauté de ne pas savoir », confie Luc Apers. Il y est question d’un arnaqueur repenti qui dévoile ses “trucs”. Derrière l’intrigue, l’artiste nous interroge aussi sur notre société : comment naviguer dans un monde jalonné de fake news, de théories du complot et de pseudo sciences ? Comment savoir si notre esprit critique n’est pas trop fermé et notre esprit ouvert pas assez critique ? Laissez-vous emporter par ce show unique, qui sera donné après la présentation de la saison culturelle de Saint-Fargeau-Ponthierry, aux 26 Couleurs.
Claire Teysserre-Orion (TOUTécrit)