Culture / Interview
« Le spectacle sera coloré par de multiples influences » - Souad Massi
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Que signifie Sequana, qui est aussi le titre de l’une des chansons de votre nouvel album ?
C’est le nom de la déesse gauloise de la Seine dans la mythologie celtique. Durant l’Antiquité, les gens se rendaient sur les rives du fleuve dans l’espoir de soigner leurs maladies et celles de leurs proches. Les médecins y nettoyaient leurs outils chirurgicaux. J’ai écrit cette chanson pour mes filles de 12 et 17 ans. « À force d’essayer, l’oisillon finira par voler/À l’aube, la nuit, finira par se dissiper/Et le soleil finira par se lever. » Elle renvoie aussi à la période où j’habitais près de la Bastille, à Paris. J’aimais aller me promener sur les quais de Seine, où je passais beaucoup de temps.
Quelle sera la tonalité de votre spectacle ?
Accompagnée par cinq musiciens, j’interprèterai plusieurs morceaux de mon dernier album, mais pas seulement. Le concert dure entre 1h30 et 2 heures, avec un tour de chant auquel le public sera fortement associé. J’ai eu la chance de grandir dans une famille qui écoutait beaucoup de musique. J’avais un oncle guitariste qui jouait du Brassens, du jazz, de l’Aznavour. Puis, je me suis intéressée à l’opéra, au classique, à la folk music, au rock. Le concert sera coloré par toutes ces influences.
« Sensibiliser le public »
Tout comme Sequana, puisque vous y interprétez une étonnante reprise en arabe de Hurt du groupe Nine Inch Nails…
Comme beaucoup, j’ai découvert ce morceau lorsque le chanteur Johnny Cash l’a repris, en 2002, dans American IV : The Man Comes Around. La douleur et la tristesse qu’il exprime m’ont bouleversée. J’aime beaucoup sa collaboration avec le producteur Rick Rubin sur ce disque. Elle me rappelle ma belle rencontre avec Justin Adams sur Sequana. Il est ouvert aux idées des autres et aux musiques du monde.
Victor, qui figure sur Sequana, rend hommage au chanteur Victor Jara, assassiné lors du coup d’État chilien en 1973. Pourquoi avez-vous choisi d’en faire un morceau ?
Un ami journaliste m’avait parlé de la dictature chilienne, qui avait fait couper les mains de Victor Jara, parce qu’il était guitariste. J’ai lu des articles sur lui et sur le combat qu’il a mené pour la démocratie. Je suis heureuse de faire découvrir ce personnage aux nouvelles générations. Souvent, après les concerts, des jeunes de 18-19 ans viennent me voir et me posent des questions sur Victor Jara. Je suis animée, à travers ma musique, par cette idée de toujours mettre l’humanité en avant. Personne ne peut rester insensible à ce qu’il se passe, aux quatre coins du monde. Nous, les artistes, avons un rôle moral, parce que nous pouvons sensibiliser le public.
Par Benoît Franquebalme (Agence de presse TOUTécrit)
Venez écouter Souad Massi, qui se produit le vendredi 8 décembre à 20h30 à L’Escale, à Melun.
Tarifs : de 8 à 16 €. Infos : 01 64 52 10 95