Interview
Djimo, "Je suis normal, ce sont les gens qui sont un peu speed !"
Publié le
Vous vouliez être éducateur et voilà que vous vous retrouvez sur scène. Comment votre cheminement s’est-il opéré ?
Je suis monté à Paris en 2015 pour devenir éducateur spécialisé, via un contrat en alternance. À l’époque, j’admirais déjà les artistes du stand-up, tels Gad Elmaleh, Jamel Debbouze et ceux qui apparaissaient dans le Jamel Comedy Club sur Canal+. Le week-end, je retournais dans ma famille à Limoges. Au bout de quelques semaines, j’ai décidé de rester plus longtemps à Paris. J’ai commencé à fréquenter les scènes ouvertes sur lesquelles les comédiens de stand-up se produisent, notamment le Café Oscar.
Après seulement deux ans, vous déboulez sur la scène du Comedy Club de Jamel Debbouze. Vous n’avez pas perdu de temps !
Des collaborateurs de Jamel m’ont repéré sur une scène ouverte. J’ai eu la chance de faire partie de cette troupe, puis de partir en tournée avec des humoristes comme Inès Reg ou Roman Frayssinet. J’ai mis du temps à trouver mon style. Pendant 3 ans, j’appliquais les codes classiques du stand-up avec beaucoup d’énergie et un phrasé très rapide. J’ai fini par comprendre que ce n’était pas moi. Peu à peu, j’ai trouvé mon propre style, plus lent, davantage en lien avec ma personnalité. Moi, je suis normal, ce sont les gens qui sont un peu speed ! Quand j’ai eu ce déclic, j’ai créé mon premier spectacle, qui s’appelait À 100 %... ou presque ! Les gens ont l’impression que mon parcours a été fulgurant, mais il m’a demandé beaucoup de travail et de temps.
DJIMO - Jamel Comedy Club
Le vrai déclic a lieu en 2018 au Montreux Comedy Festival, où vous faites un triomphe. Comment cela s’est-il passé ?
Le public a aimé mon sketch J’aurais kiffé être une tortue (celui-ci cumule 13 millions de vues sur YouTube) et cela m’a propulsé. Je suis devenu chroniqueur dans Clique TV, l’émission de Mouloud Achour, sur Canal+. Depuis, tout s’enchaîne. Je suis actuellement en tournée. Elle se terminera les 23 et 24 juin à La Cigale à Paris. Puis, je me consacrerai à mon nouveau spectacle, que je suis en train d’écrire.
Je suis ravi de jouer au Mée-sur-Seine. D’autant plus que je ne suis jamais allé en Seine-et-Marne.
Djimo - J'aurais kiffé être une tortue
Et le cinéma ?
Cela a commencé par un petit rôle dans Rendez-vous chez les Malawas, de James Huth (2019) avec Christian Clavier et Mickaël Youn. Il y a aussi eu Les Méchants de Mouloud Achour. Mais l’expérience la plus étonnante a été Le dernier mercenaire, de David Charhon (2021) avec Jean-Claude Van Damme. Nous avons tourné le film à Kiev, en Ukraine, en 2020. Les allers-retours avec la France étaient compliqués, en raison du Covid et je suis resté trois mois sur place. Du coup, j’ai sympathisé avec Jean-Claude Van Damme. Parfois, nous nous envoyons des SMS.
Lors de film Loin du périph, de Louis Leterrier (2022), vous avez aussi rencontré Omar Sy. Racontez-nous.
Il a été très bienveillant avec moi. Il m’a donné pas mal de conseils. Par exemple, sur le plateau, Omar me demandait souvent de me tenir droit et de relever le torse. Ce métier me permet de faire des rencontres incroyables. Comme celle avec Stromae, qui est venu voir mon spectacle à Paris.
Vous avez fait beaucoup de chemin depuis 2015. Quel regard vos proches portent-ils sur votre parcours ?
Ils sont contents. Parfois, je me moque gentiment de Limoges sur scène, mais ils savent que c’est un hommage. Ils ne s’attendaient pas à ce que ça aille aussi loin, et j’avoue que moi non plus. La scène était un hobby. Elle est devenue mon métier.
Propos recueillis par Benoît Franquebalme (agence TOUTécrit)