Culture / Zoom sur
Des objets évocateurs et poétiques
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Théâtre d'objet
Des objets du quotidien devenant des personnages à part entière ! Ce concept artistique est né dans les années 70, à l’aube de la société de consommation, portée par un nouveau rapport aux choses, produites en masse à l’autre bout du monde, et aussi vite délaissées qu’elles étaient souhaitées.
Énergie poétique
L’idée qui préside à la naissance du théâtre d’objets, imaginé en 1980 par Christian Carrignon et Katy Deville, est de donner aux choses une seconde vie, en leur conférant une dimension poétique plutôt qu’utilitaire. Un genre qui nous prend par la main, nous invitant à regarder autrement ce qui nous entoure.
Quand on y repense... Entre la grandeur du mot théâtre et la petitesse de l’objet, il existait un précipice. Et il en fallait, de l’énergie poétique au spectateur pour refermer les lèvres de l’abîme, se rappellent-ils.
Car ce théâtre d’objets convoque des souvenirs, collectifs ou plus personnels. Ainsi, même reproduite à des millions d’exemplaires, une poupée Barbie évoquera ces moments de l’enfance où nous jouions avec. Même chose avec le moulin à café qui convoquera immédiatement le parfum de ce nectar. Autre exemple : un sac à dos et des chaussures de marche nous feront penser à la randonnée. Ce sera au spectateur d’imaginer la montagne ou le chemin emprunté...
Humour et textes classiques
Cet univers théâtral peut surfer sur l’humour, le décalage ou les jeux de mots. Un bouchon de vin, rougi et abîmé, deviendra celui qui a trop bu, et un marron celui qui se bat contre d’autres, car "il donne des marrons". Et le comédien dans tout ça ? Loin d’être escamoté, comme le sont les marionnettistes, celui-ci est sur scène. Il est conteur, incarne un personnage ou se transforme en décor. Le théâtre d’objets s’empare aussi d’œuvres classiques.
La compagnie Tabola Rassa a eu l’idée de remplacer les personnages de L’Avare de Molière par des ustensiles de plomberie. Harpagon, Cléante et la Flèche sont donc “joués” par des robinets. Le rôle-titre est tenu par un vieux spécimen en cuivre, qui accumule patiemment les gouttes d’eau, qui se substituent à l’or. Une façon habile et ingénieuse d’actualiser le texte, en interpellant le public sur la préservation des ressources naturelles, de plus en plus précieuses.
Claire Teysserre-Orion (agence TOUTécrit)