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La vie trépidante de Brigitte Tornade, le 23 novembre au Mée-sur-Seine.
© Fabienne Rappeneau 

Culture / Zoom sur

Aux confins de la charge mentale

Au cinéma et au théâtre, réalisateurs ou metteurs en scène ont exploré les ressorts psychologiques et mentaux de ce concept né dans les années 80. Découvrez, le 23 novembre au Mas, au Mée-sur-Seine, l’une des pièces les plus parlantes sur le sujet.

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Charge mentale

Né dans les années 80 et découvert par le grand public avec la bande dessinée "Fallait demander" signée Emma, le concept de charge mentale est associé à l'organisation de tout ce qui se situe dans la sphère domestique (tâches ménagères, rendez-vous, achats, soins aux enfants, etc.). La chercheuse québécoise Nicole Brais en donne une définition plus précise :

Il s'agit, dit-elle, du travail constant et incontournable de gestion, d'organisation et de planification de la bonne marche de la maison et qui a pour objectif la satisfaction des besoins de chacun. 

Cette charge porte, le plus souvent, sur les femmes, avec au moins un enfant, et exerçant elles aussi une activité professionnelle comme leur compagnon. 

La faute des femmes ? 

La comédie américaine Bad Moms (2016) met ainsi en lumière ces mères parfaites, toujours présentes pour leurs enfants et leur conjoint. Voulant se soustraire à leur condition, trois d’entre elles décident de ne plus remplir le rôle qui leur incombe, de profiter de la vie et de prendre du bon temps. Comme des adolescentes. Dans le second opus, Bad Moms 2 (2017), ce sont les mères des trois héroïnes qui décident de s’inviter aux fêtes de fin d’année, en se montrant aussi exigeantes que critiques. 

 

 

BAD MOMS Bande Annonce

Dans Before Midnight (2013), dix ans de vie conjugale et parentale ont fini par user le couple formé par Ethan Hawke et Julie Delpy. La mère n’est-elle pas seule à assumer des sacrifices pour que la famille fonctionne correctement ? " J'ai l'impression que tu respires de l'hélium et je respire de l'oxygène ", confie Julie Delpy à son mari, résumant ainsi l’ambivalence qui sépare hommes et femmes. 

Vidée par la maternité

Des réalisateurs se sont également emparés du sujet, avec des films plus sombres. Dans Tully (2018), Marlo va devenir maman pour la troisième fois. Épuisée et blasée, à peine épaulée par son mari, elle n’arrive plus à remonter la pente jusqu’à ce qu’une nounou vienne à son secours. La Vie domestique (2013) embrasse les conséquences professionnelles mais aussi profondément psychologiques de la charge mentale : l’épouse incarnée par Emmanuelle Devos a perdu ses ambitions comme si la maternité l’avait vidée d’elle-même. Et quand la domination sociale vient s’ajouter à la charge mentale ? Dans Chanson douce (2019), adapté du roman de Leila Slimani, une mère essaye de reconquérir sa vie d’avant en enrôlant une nounou, elle-même usée et humiliée par une existence passée à s’occuper des enfants des autres. 

TULLY Bande Annonce VF

Une pièce emblématique 

Molière 2020 de la meilleure comédieLa Vie trépidante de Brigitte Tornade, adaptée d’une fiction radiophonique, est une illustration implacable de la charge mentale. Entre son travail, ses enfants et les tâches ménagères, Brigitte passe son temps à courir sans l’ombre d’une respiration. " Avoir une double vie ? Je ne suis même pas sûre d’en avoir une à moi déjà ! ". Ou comment le rire aide à prendre conscience de l’urgence d’un changement. Cette pièce sera à l’affiche le 23 novembre au Mée-sur-Seine. À savourer seul.e ou en couple !

Claire Teysserre-Orion (TOUTécrit)